Dès la rentrée 2021, le collège Mercier Saint-Paul accueillera un “dispositif d’autorégulation pédagogique” et portera ainsi le projet pilote de l’Enseignement Catholique à échelle nationale en ce qui concerne l’accueil des enfants ayant des Troubles du Spectre Autistique (TSA).
Surtout, ce dispositif sera bénéfique à chacun.
Car il répond encore un peu plus au principe de l’école inclusive.
L’école pour tous, la réussite scolaire pour chacun.
L’autorégulation c’est quoi ?
L’autorégulation fait partie du développement de l’enfant.
C’est la capacité qu’il a de se mettre par lui-même dans un état de calme et d’éveil permettant de répondre à son environnement de façon adaptée. Il peut alors traduire ses perceptions et ses sensations en informations qu’il utilise pour réguler ses pensées, ses émotions, sa motivation, son comportement.
Le contrôle de l’attention et les fonctions exécutives dépendent de cette capacité à s’autoréguler, à l’école, et plus particulièrement pendant les temps de cours, l’élève fait appel à cette capacité.
Se concentrer, faire l’effort de se calmer après la récréation par exemple pour retrouver une disponibilité à l’apprentissage ne va pas de soi pour tous.
L’autorégulation pédagogique c’est quoi ?
C’est le processus par lequel l’élève maitrise sa pensée, son comportement et ses émotions pour réussir à vivre pleinement des expériences d’apprentissage. L’auto régulation pédagogique se rapporte donc au degré d’efficacité avec lequel l’enfant réagit aux facteurs stressants et revient ensuite à un état de calme où il peut se concentrer et rester alerte.
Rappelons que pour chaque cours : les élèves reprennent leur place et sortent leurs affaires pour ensuite se mobiliser à recevoir un enseignement.
Les enseignants doivent bien souvent intervenir pour que la classe retrouve calme, silence et concentration.
L’autorégulation pédagogique propose de donner une méthodologie à l’élève pour se re concentrer sur son cours, en faisant abstraction de l’extérieur.
On parle ici de compétence transversale. Il s’agit “d’apprendre à apprendre”.
Il est important de différencier l’autorégulation de la discipline.
L’autorégulation réfère plutôt à l’action d’orienter volontairement et intentionnellement ses actions, ses émotions et ses pensées dans le but de répondre à un objectif précis.
Il est alors important de ne pas associer l’autorégulation à la discipline, mais plutôt au développement et à l’apprentissage. En ce sens, l’autorégulation permet à l’enfant de développer son bien–être–émotionnel, sa persévérance et sa curiosité, des habiletés qui lui seront utiles tout au long de sa vie (Ministère de l’Éducation de l’Ontario, 2016).
Quel dispositif pour accompagner l’autorégulation dans un collège ?
– Le collège va attribuer une salle au dispositif d’autorégulation, et accueillir de nouveaux personnels qualifiés : éducateur, enseignant spécialisé ou psychomotricien. Dans la salle d’autorégulation, on travaille avec l’élève l’aspect social, mais aussi le cognitif et les émotions. L’idée est de proposer des outils et d’enseigner des comportements “adaptés” afin de gérer des émotions, mais aussi la réalité d’une salle de classe ordinaire.
Afin d’accueillir l’enfant souffrant de troubles du spectre de l’autisme en milieu scolaire “ordinaire”, ce dispositif alterne la présence de l’élève entre une classe “classique” et un “sas émotionnel” (la salle d’autorégulation).
Doucement l’élève apprend à s’auto-discipliner, à s’auto-réguler et à prendre des initiatives :
à devenir autonome
– Ce coaching se fait tant pour l’enfant que pour l’adulte. Les professeurs mais aussi tous les personnels travaillant auprès des élèves seront accompagnés et formés. Ils pourront ainsi utiliser une pédagogie répondant aux besoins de l’enfant et en accord avec les principes de l’autorégulation.
Le dispositif d’autorégulation pédagogique, un projet profitable à tous
L’expérience canadienne
Le dispositif d’auto-régulation a été mis au point par Stéphane Beaulne, chercheur clinicien et professeur en psychologie à l’université de Nipissing (Ontario, Canada). Il est un expert reconnu dans les troubles du spectre autistique et les problèmes d’autorégulation. Son intervention clinique et sa recherche sont centrées sur le développement de l’enfant autiste dans une perspective neuro-développementale.
Stéphane Beaulne s’intéresse particulièrement à l’élaboration de programmes, de méthodologies et de stratégies qui soutiennent les enfants, les adolescents et les jeunes adultes présentant des troubles de comportement liés aux problèmes d’autorégulation.
Il a développé une méthode dite de classes “d’autorégulation” depuis plus de 15 ans au Canada. L’autorégulation vient répondre à une nouvelle approche éducative et pédagogique. Notamment sur la prise en compte des enfants à besoins spécifiques, et ce en mode inclusif.
C’est un projet d’école dans lequel tous les professionnels s’inscrivent au bénéfice de l’ensemble des élèves et pas uniquement pour les enfants autistes accompagnés. Il a un impact positif sur l’ensemble de l’écosystème de l’enfant.
Il commente “Pendant la classe d’autorégulation, on travaille avec l’élève l’aspect social, mais aussi le cognitif et les émotions. Car les enfants autistes ont des émotions, comme tout le monde. C’est juste la façon de les exprimer qui est difficile pour eux. Voilà pourquoi l’idée est de leur donner des outils et de leur enseigner des comportements plus “adaptés”, afin de leur permettre de gérer leurs émotions, ainsi que la réalité d’une salle de classe ordinaire. Puis ils apprennent à s’auto-discipliner et à prendre des initiatives.“
Les résultats très positifs de cette méthode ont amené le ministère de l’éducation de l’Ontario à généraliser ce dispositif aux sein des écoles ontariennes.
ENTRETIEN AVEC STÉPHANE BEAULNE DU 30 MARS 2021
ici : https://youtu.be/8x5dx4W1YOs
pour aller plus loin :
Réflexion sur l’auto-régulation et le bien être du site officiel de l’Ontario (Canada)
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